Éradiquer l'autisme ?
Des associations, comme Autism Speaks aux États-Unis, consacrent des budgets colossaux pour la recherche génétique sur l'autisme. Des
travaux dont on peut questionner l'utilité : l'autisme est un cocktail génétique très difficile à isoler ! D'autant plus que ces budgets
proviennent en grande majorité des familles concernées par l'autisme, qui demandent des solutions et des aides pour les personnes qui les
entourent.
On a la nette impression qu'il est primordial d'éradiquer l'autisme... en laissant pour compte les personnes autistes qui auraient
bien besoin qu'on les soutienne. Cette recherche n'aide pas à améliorer la vie des personnes autistes et contribue à le dessiner comme un fléau
en lui-même, alors que le fléau naît principalement du manque d'aménagements et de droits.
Des solutions thérapeutiques...
De nombreuses thérapies comportementales visent à aider les personnes autistes, avec plus ou moins de succès. Parmi elles, la thérapie ABA, que
l'on pourrait résumer par "Cachez cet autiste que je ne saurais voir !". Directement inspirée des thérapies de conversion de personnes
homosexuelles, l'ABA consiste à mettre en place un travail constant (35 à 40h par semaine) avec l'enfant autiste, qui vise globalement à supprimer
les manifestations les plus visibles de l'autisme.
On apprendra par exemple à un enfant à savoir faire un câlin, quand bien même le toucher
serait douloureux pour lui. Les thérapies ABA pratiquées sont très nombreuses et diversifiées. Elles peuvent parfois se concentrer exclusivement sur le bien-être et
l'autonomie de l'enfant, et ne pas lui imposer un rythme intense ni des exercices inutiles. Elles sont cependant, dans leur grande majorité,
critiquées pour le fait de plus s'intéresser au fait de gommer les traits autistiques des personnes.
...à l'éthique questionnable
On n'arrête jamais d'être autiste :
stopper des comportements naturels chez un enfant autiste conduira à des troubles anxieux, des traumatismes, des dépressions... comme si l'on
empêchait un enfant neurotypique d'exprimer des traits qui sont considérés comme parfaitement normaux pour son développement. Les symptômes
de l'autisme étant des déficits de communication, des intérêts spécifiques, et des comportements stéréotypés, toute intervention qui ne vise
pas à aider la personne dans son développement et son épanouissement mais à supprimer purement et simplement ces symptômes visibles est
éthiquement questionnable.
On peut, au contraire, envisager de s'appuyer sur les traits autistiques d'une personne afin de l'accompagner
dans la vie quotidienne : se servir par exemple de ses intérêts pour l'aider à s'ouvrir aux autres (si elle le souhaite) ou
pour faciliter les apprentissages. À l'inverse, supprimer un comportement qui ne pose pas de vrai problème, comme un balancement
répétitif, a-t-il une utilité ?
La science à votre service !
Les bonnes vieilles pratiques médicales prouvées, il n'y a que ça de vrai ! Ah oui, sauf que là, on cherche encore les preuves.
Parmi les pratiques les plus ahurissantes pour traiter ou guérir l'autisme, on retrouve, en vrac : l'ingestion de javel, la chélation (selon une
croyance que l'autisme serait causé par une accumulation de métaux lourds), ou bien tout simplement l'arrêt de la vaccination des enfants !
Cette dernière théorie est devenue populaire "grâce" à Andrew Wakefield, qui constata une "épidémie d'autisme" chez les enfants des ingénieur·e·s
de la Silicon Valley (encore une fois, aucun lien entre les traits autistiques des parents, pourtant parfois évidents, n'a été fait). Il attribua
cette épidémie aux vaccins. Aucun de ces moyens ne prévient ou guérit l'autisme, par contre, ces méthodes sont fructueuses et faciles à vendre
lorsqu'on se retrouve démuni·e et abandonné·e dans son parcours pour aider une personne autiste.