Mais alors, qu'est-ce que c'est, l'autisme ?

L'autisme : mini-lexique non exhaustif

Écholalie : Répéter des mots entendus en boucle, ou bien les derniers mots d'une phrase. Une pratique courante pour beaucoup d'autistes.

Camouflage :S'adapter aux codes sociaux en vigueur pour ne plus paraître autiste.

Infodump : Littéralement "décharge d'informations". C'est communiquer de manière très intense sur ses intérêts, tout montrer des connaissances sur cet intérêt et ne plus pouvoir s'arrêter.

Crise autistique : crise en réaction à une surcharge, un stimuli, qui est trop fort. On distingue le shutdown (repli sur soi) du meltdown (extériorisation de la difficulté).

Comment aider une personne autiste en crise ?

Ne la contraindre que si cela est nécessaire (risque de blessures par exemple). S'interroger sur ce qui pourrait aider la personne : est-elle dans un endroit calme ? Faut-il l'éloigner de quelque chose qui a déclenché la crise ? On peut tenter de communiquer (à l'oral si possible, à l'écrit via un téléphone portable...) et la laisser se calmer (ne pas culpabiliser ou crier). À l'avenir, on peut tenter de réfléchir avec la personne autiste sur ce qui a déclenché la crise, comment s'en prémunir.

Scripting :Fait de préparer à l'avance les discours les plus basiques (dire bonjour, demander la monnaie,...).

Surcharge sensorielle :Lorsqu'il y a plus d'informations que le cerveau ne peut traiter, cela mène à la surcharge. Comme le cerveau autistique ne filtre pas de la même manière les informations qui lui parviennent, il ne peut pas "mettre en arrière-plan" les stimuli.

Synesthésie : Certaines personnes autistes "mélangent" les sens (sentir une musique, voir les sons, entendre une texture...).

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Communication et interactions sociales

Les personnes autistes peuvent ne pas parler, parler peu ou beaucoup parler ! Elles pourront cependant toujours avoir du mal à utiliser le langage dans certaines situations (mutisme sélectif), ne pas comprendre certaines expressions, l'implicite, le second degré... et ressentir une certaine difficulté à totalement exprimer leurs émotions et besoins à l'oral.

Les interactions peuvent être difficiles pour elles à cause de la difficulté à lire certaines émotions ou à y réagir de manière compréhensible pour les autres. Elles ne manquent pas d'empathie émotionnelle, c'est-à-dire qu'elles peuvent se sentir concernées par les émotions des autres et y réagir, seulement, elles ne savent pas toujours comment faire.

Pour les personnes qui ne parlent pas, des alternatives numériques se développent de plus en plus afin de leur permettre de communiquer par l'écrit ou pictogrammes via des tablettes et autres outils. L'apprentissage de la langue des signes est aussi une alternative !

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Intérêts et comportements restreints et répétitifs

Les intérêts des personnes autistes sont extrêmement importantes pour elles. Ce sont comme des passions, qui prennent énormément de temps et de place dans leur vie. Ces intérêts sont nécessaires à l'équilibre d'une personne autiste et peuvent être une base pour l'apprentissages de nombre de choses.

La répétition de ceux-ci, comme par exemple regarder "en boucle" un film préféré, contribue aussi à l'équilibre de la personne autiste. Les autistes ont aussi des stéréotypies : faire le même geste plusieurs fois selon un ordre ou un rythme bien défini, siffler, chanter, se balancer... encore une fois, ces comportements sont nécessaires aux personnes autistes et ne sont pas malsains. S'ils sont blessants pour la personne (comme par exemple se mordre très fort), on peut essayer de trouver des solutions qui permettront de ne pas se blesser (mordre un jouet à la place).

Les routines et une certaine "rigidité mentale" contribuent à la stabilité : faire les choses de la même manière, avoir un emploi du temps routinier et bien organisé, un type de repas favori... De manière générale, ce besoin de routine vient de la nécessité "d'organiser" son monde.

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Les difficultés d'intégration sensorielle

Le cerveau autistique peut ne pas filtrer les stimuli sensoriels, entraînant des hypersensorialités, soit trop les filtrer (agnosie) ! Bref, le rapport aux sens est très différent. On retrouve souvent chez les personnes autistes une hyperacousie, une sensibilité accrue à la lumière, mais aussi une perception spécifique de la douleur, du toucher, du froid ou du chaud... Il peut aussi arriver de ne pas bien évaluer des signaux envoyés par le corps, comme la fatigue.

Certains lieux et situations vont donc être difficiles à gérer, au contraire, d'autres seront extrêmement relaxants. Cela dépend des personnes : certain·e·s autistes peuvent adorer les centres commerciaux ou les concerts, d'autres fuir les regroupements et les magasins. De plus, ces sensibilités peuvent varier dans le temps et selon les intérêts. Il est fréquent qu'une personne autiste combine des hyper et des hypo sensibilités.

Des adaptations permettent de mieux gérer l'afflux sensoriel : stim toys, couvertures et vêtements lestés, casques anti-bruit, musique... Des techniques de relaxation permettent d'apprendre à écouter son corps et ses signaux. Savoir se préserver et se reposer est important pour une personne autiste, pour qui la vie quotidienne peut être envahissante pour ces raisons.

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Obtenir un diagnostic

La recherche diagnostique peut être longue et financièrement coûteuse. On peut s'adresser au CRA (Centre Ressources Autisme) de sa région, à un·e praticien·ne spécialisé·e. Les troubles cognitifs et mentaux sont parfois très similaires les uns aux autres, cependant, un·e praticien·ne qui refuserait d'en donner un doit motiver ses raisons et aider à trouver un diagnostic qui conviendra (à défaut, rediriger vers un·e spécialiste).

Le bon diagnostic est celui qui permet de prendre en compte ses difficultés et trouver des aménagements de vie. Il facilite la vie quotidienne et permet l'accès à des adaptations ou des traitements. Il n'y pas de honte à avoir un trouble cognitif ou mental. Nos sociétés sont encore très psychophobes (peur/honte de la différence psychologique), pourtant, peu de personnes peuvent se "vanter" de n'avoir jamais eu de trouble psychologique ! Tout au long de sa vie, les différentes périodes et épreuves rencontrées peuvent nous affecter temporairement (dépression par exemple). Les troubles cognitifs sont aussi variés et fréquents, les troubles mentaux aussi.

La représentation des troubles dans les médias véhicule encore souvent des idées fausses.La schizophrénie et la bipolarité par exemple sont déformées et les personnages représentés correspondent souvent très peu à la réalité. Dans l'autisme, on verra souvent un personnage masculin, extrêmement intelligent mais inapte socialement, blanc, et jeune.

Ces clichés peuvent parfois éviter de se diriger vers un diagnostic, parce que l'on ne correspond pas à l'image véhiculée ou que l'on a peur d'être associé·e à celle-ci.